Bipolarité : découverte d’une vingtaine de nouveaux gènes

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Rédigé par Julie P. et publié le 28 mai 2019

Deux personnes sur 100 seront touchées, au moins une fois dans leur vie, par un trouble bipolaire. Pour mieux traiter la maladie, il faut mieux comprendre les mécanismes moléculaires sous-jacents. Récemment, une étude internationale, fédérant 207 institutions réparties dans 22 pays, vient de montrer l’implication de 20 nouveaux gènes associés au trouble bipolaire.

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Analyser et comparer l’ADN de 200 000 personnes

De nombreuses études ont déjà montré que certaines versions de gènes (variantes) contribuent au développement de la bipolarité.

Ici, l’équipe internationale, intégrant des membres du consortium de génomique psychiatrique spécialisés dans les troubles bipolaires, a identifié vingt nouvelles régions de l’ADN qui sont impliquées dans la survenue de la maladie.

Avant d’arriver à ce résultat, son équipe a analysé et comparé le matériel génétique de 29 000 patients diagnostiqués bipolaires avec celui de 160 000 patients sains.

Ces volontaires étaient issus de 32 cohortes réparties dans 14 pays d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Australie.

Au total, ils ont mis à jour 30 sites dans l’ADN où des variations du code génétique peuvent affecter le risque de développement d’un trouble bipolaire. Parmi eux, 20 sites n’avaient jamais été associés à la maladie.

Des gènes impliqués dans le système nerveux, et le métabolisme

Après avoir identifié les gènes liés à la maladie, les chercheurs ont voulu comprendre quelles étaient leurs fonctions dans l’organisme.

Autrement dit, quels types de protéines synthétisent-ils et dans quels mécanismes cellulaires sont-ils impliqués.

Ils ont découvert que certains de ces gènes interviennent dans l’élaboration des canaux ioniques qui influencent l’activité neuronale. D’autres sont responsables de la synthèse de  transporteurs de neurotransmetteurs (molécules de communication entre les neurones) et des molécules rentrant dans la composition des synapses (zones de jonction et de communication entre les neurones).

D’autres étaient impliqués dans la régulation de l’insuline (hormone hypoglycémiante impliquée dans la réduction du taux de sucre dans le sang) et les facteurs de la régulation de la douleur (signalisation endocannabinoïdes).

À savoir ! Le système endocannabinoïde comprend des récepteurs cannabinoïdes, des récepteurs du THC (la substance active du cannabis) et des molécules endogènes (synthétisées par l’organisme comme l’anandamide ou le 2-AG). On distingue les récepteurs CB1 (type-1 cannabinoid receptor) présent dans le système nerveux central et périphérique et les récepteurs CB2 situés dans la rate, les os, la peau. Les deux récepteurs se retrouvent au niveau du système immunitaire, du foie, de la moelle osseuse et du pancréas. Ce système a de multiples rôles physiologiques : plasticité neuronale, contrôle des émotions, apprentissage, contrôle de l’appétit, gestion du stress, fonctionnement du système cardiovasculaire, digestion ou encore inflammation

Plus surprenant encore, les chercheurs ont montré un lien entre le profil génétique de l’ensemble de ces gènes et deux types cliniques de troubles bipolaires.

Le type I, associé à des phases maniaques et dépressives plus intenses, est plus proche de la schizophrénie au niveau génétique.

Le type II, dont les phases dépressives et maniaques sont moins accentuées, présente des signes génétiques en relation avec la dépression.

Dans leurs travaux publiés dans la revue Nature Genetics, l’équipe de scientifiques souligne que « Ces résultats abordent des questions cliniques clés et fournissent des mécanismes biologiques potentiels pour le trouble bipolaire ».

Avant d’ajouter :  » En liant les données génétiques et cliniques, nous espérons également mieux comprendre la manière dont différents facteurs de risque génétiques peuvent produire différents ensembles des symptômes « .

Reste donc à valoriser ces résultats très encourageants pour améliorer le diagnostic et la prise en charge des patients souffrants de bipolarité. Un trouble classé, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), parmi les dix pathologies les plus invalidantes.

Julie P., Journaliste scientifique

– Ils identifient une vingtaine de nouveaux gènes liés au trouble bipolaire ! Sciencepost Consulté le 22 mai 2019.
– Genome-wide association study identifies 30 loci associated with bipolar disorder. Nature. Consulté le 22 mai 2019.

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