Troubles bipolaires, aucun « retour à la normale »

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Rédigé par Charline D. et publié le 20 mars 2017

A l’occasion du 15ème congrès de l’Encéphale qui s’est déroulé au palais des congrès à Paris du 24 au 26 janvier 2017, revenons sur l’un des sujets abordés : l’euthymie dans les troubles bipolaires.

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Euthymie, un leurre chez le bipolaire ?

Depuis maintenant une 20aine d’années, les troubles bipolaires sont bien connus et bénéficient d’une meilleure visibilité. On estime le nombre de personnes concernées à environ 1,5 million, en France. La maladie est caractérisée par une alternance, cyclique, d’épisodes dépressifs et de phases d’excitation (aussi appelée phase maniaque). Entre les différents cycles ou les différentes crises, le patient connaît une phase où son humeur va tendre vers la normale, appelée « euthymie ».

Le Dr Masson en charge de la conférence Euthymie dans les troubles bipolaires : un état d’instabilité permanent ?, du vendredi 20 janvier, précise qu’au-delà des apparences, un patient bipolaire qui n’est pas en crise, ne se sent pas forcément bien pour autant.

Selon le médecin, cette période entre deux crises, qu’il nomme « période intercritique » nécessite le même suivi régulier que lors des phases dépressives et d’excitation.

On estime que 50 % des patients atteints de la maladie bipolaire présentent ce type de symptômes résiduels en dehors des crises. Les manifestations sont insuffisantes pour être considérées comme des rechutes. Cependant, il est important de les remarquer et de les suivre afin de prévenir les récidives et les éventuels risques de suicides, toujours d’après le Dr Masson.

En plus de ces symptômes, certains troubles cognitifs comme des difficultés de concentration ou des pertes de mémoire peuvent être observés. Ajouté à cela, les bipolaires souffrent souvent d’hyperréactivité émotionnelle, de quoi, donc, affecter de façon non-négligeable leur qualité de vie. Tant de raison pour assurer, même en période d’accalmie (euthymie), un suivi régulier et attentif de ces patients.

Le lithium, la référence thérapeutique pour la bipolarité

Le lithium est un vieux médicament puisqu’il existe depuis près de 200 ans. Il appartient à la classe des thymorégulateurs, ou médicaments régulateurs de l’humeur. Et il reste le traitement de choix dans ce type de trouble. Pour le Dr Masson, c’est une certitude, le lithium est de loin le médicament le plus efficace et surtout le seul à permettre une réduction des idées suicidaires fréquemment observées dans la maladie.

Le lithium est le médicament pour lequel on détient le plus d’informations et sur lequel beaucoup d’études ont été réalisées. Son mécanisme d’action ciblant la sérotonine, qui n’est autre que la substance impliquée dans les principaux symptômes de la maladie (agitation, agressivité, etc.), permet de calmer l’agitation caractéristique de la crise ainsi que les récidives maniaques ou dépressives.

Bien que les effets bénéfiques du lithium soient avérés, il est tout de même nécessaire de considérer également les effets secondaires possibles (fatigue, troubles digestifs ou visuels, vertiges, etc.) ainsi que la surveillance étroite (bilans sanguins réguliers) exigée par ce traitement.

Charline D., Pharmacienne

Sources :
Troubles bipolaires, pas de vrai répit entre les crises… Le généraliste. Publié le 17 février 2017.

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