Troubles bipolaires, 10 ans de découvertes

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Rédigé par Estelle B. et publié le 12 mars 2023

Les découvertes récentes dans le domaine des troubles bipolaires ont permis de mettre en évidence une prévalence variant de 1 à 2,5 % de la population française. Une maladie psychiatrique qui arrive au sixième rang des maladies génératrices de handicap et pourtant tant de progrès restent à faire dans la détection, le diagnostic, la prise en charge et l’accompagnement des personnes souffrant en bipolarité. Mais depuis une décennie, des avancées majeures ont été permises grâce à la recherche. Explications.

Découvertes bipolarité

Des décennies de recherche active sur les troubles bipolaires

Les troubles bipolaires constituent une pathologie psychiatrique relativement fréquente, face à laquelle les connaissances restent encore souvent incomplètes. Des efforts de recherche menés depuis plusieurs décennies ont permis de faire des avancées importantes dans différents domaines :

  • La définition même de la maladie, pour mieux la cerner et la différencier d’autres troubles psychiatriques ;
  • L’épidémiologie pour mieux connaître la prévalence des troubles bipolaires, mais aussi des comorbidités associées (troubles de l’attention, anxiété, troubles du comportement alimentaire, troubles métaboliques, …) ;
  • La clinique pour mieux définir les différences notamment avec la schizophrénie, mais aussi et surtout pour mieux la diagnostiquer et l’évaluer grâce à des outils spécifiques ;
  • La génétique pour identifier les gènes impliqués dans la prédisposition génétique à la bipolarité ;
  • La biologie et la neuroimagerie, à la recherche d’un marqueur spécifique de la bipolarité et d’images cérébrales caractéristiques ;
  • Les thérapies avec le développement de nouveaux médicaments, mais aussi de nouvelles approches psychothérapeutiques (psychoéducation, thérapies familiales, thérapies interpersonnelles, thérapie de couple).

L’accompagnement psychosocial a parallèlement beaucoup progressé, en particulier en révélant l’importance de la stigmatisation et l’impact considérable de la maladie sur la qualité de vie des patients mais aussi de leurs proches.

Les troubles bipolaires, exemple d’épigénétique ?

Témoignage de l’engagement des chercheurs, la Fondation FondaMental suit actuellement en France la plus grande cohorte de patients atteints de troubles bipolaires depuis 10 ans, la cohorte FACE-BD (FondaMental Advanced Center of Expertise for Bipolar Disorder). Cette cohorte regroupe actuellement 4 422 patients et a permis aux chercheurs d’accroître considérablement leurs connaissances sur la bipolarité au cours des dix dernières années. Les progrès de la génétique et de l’immunologie ont notamment permis de révéler des liens entre la prédisposition génétique et des facteurs environnementaux.

Les variants génétiques retrouvés chez les patients atteints de troubles bipolaires semblent les rendre plus fragiles face à certains facteurs environnementaux, tels que les infections, les traumatismes sévères, la pollution atmosphérique, la mauvaise hygiène de vie. La survenue de tels facteurs environnementaux provoque une réponse inflammatoire et immunologique, qui pourrait permettre d’identifier des marqueurs spécifiques de certaines formes de bipolarité, mais aussi de nouvelles cibles thérapeutiques.

Les troubles bipolaires associés à un surrisque métabolique

L’intérêt de suivre sur une décennie la plus grande cohorte de patients bipolaires réside notamment dans le fait de pouvoir tracer leur trajectoire de vie et l’évolution de leur maladie. Grâce à cette cohorte, les chercheurs ont pu mettre en évidence trois types de trajectoires chez les patients :

  • Les patients qui s’améliorent au fil du temps ;
  • Les patients dont l’état stagne ;
  • Les patients qui s’aggravent au cours du temps.

A partir de ce constat, les chercheurs ont identifié des facteurs associés à certaines trajectoires, comme des syndromes dépressifs, des troubles du sommeil ou une surcharge pondérale, des facteurs sur lesquels il est possible d’agir grâce à une prise en charge adaptée. Les troubles bipolaires sont par exemple liés à un risque accru de syndrome métabolique, et donc de diabète et de maladie cardiovasculaire. L’un des écueils rencontrés par les chercheurs reste alors la prise de poids liée à certains traitements utilisés contre les troubles bipolaires. La dernière décennie a été marquée par d’importants progrès scientifiques sur la bipolarité, les efforts de recherche devant se poursuivre pour améliorer la prise en charge et l’accompagnement des patients.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Troubles bipolaires : Une décennie de découvertes. inserm.fr. Consulté le 13 février 2023.
– EVOLUTION DE LA RECHERCHE SUR LES TROUBLES BIPOLAIRES. frcneurodon.org. Consulté le 13 février 2023.