Détecter les troubles bipolaires avec des smartphones ?

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Rédigé par Pierre et publié le 22 octobre 2015

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Les troubles bipolaires sont caractérisés par des changements d’humeur pouvant aller de la manie, avec une hyperactivité débordante, à la dépression la plus sévère. Ces changements peuvent survenir de manière brutale, s’installer pendant des semaines ou des mois, voire des années.

En pratique, il est difficile de déterminer quand le basculement d’une phase à l’autre va avoir lieu. Il n’existe malheureusement pas de test sanguin pouvant mesurer un biomarqueur spécifique de la manie ou de la dépression, ni d’examen d’imagerie cérébrale permettant de détecter l’apparition d’une nouvelle phase. Au moment où les premiers signes cliniques de la manie ou de la dépression apparaissent, le basculement a déjà eu lieu. Pourtant le besoin médical pour un test de détection est grand, et permettrait de mieux prendre en charge les patients.

Les Smartphones comme outils du diagnostic bipolaire ?

Un chercheur italien, le Dr Venet Osmani, du centre de recherche en télécommunication et expérimentation des communautés de réseaux à Trento en Italie, pense avoir une solution. Il suggère en effet que les comportements caractéristiques du trouble bipolaire, peuvent être détectés grâce aux capteurs présents dans les smartphones, et qu’ils peuvent donc être un outil pour prévoir en temps-réel le basculement d’une phase à l’autre.

Selon le Dr Osmani, les comportements associés aux phases maniaques sont prédictibles et peuvent être tracés : l’hyperactivité peut être évaluée via l’accéléromètre et le GPS présents dans le téléphone, la rapidité du phrasée (autre caractéristique de la phase maniaque) pourrait être monitorée par l’analyse vocale. L’augmentation de la fréquence des appels émis pourrait également être un signe révélateur de la phase maniaque. De même, une chute de ces données pourrait être annonciatrice de la mise en place d’une phase dépressive.

Pour tester l’utilité du smartphone dans ce contexte, le chercheur a suivi les comportements de 12 patients pendant 12 semaines, en 2012 et 2013. Bien que le nombre de patients soit petit, les résultats obtenus sont prometteurs. En effet, dans 97% des cas, les données (activités, localisations, nombre d’appels émis) récoltées sur les smartphones des patients ont permis de prédire correctement un changement d’humeur.

Pour le Dr Osmani, des recherches complémentaires, incluant un plus grand nombre de patients, seront nécessaires avant de recommander le smartphone comme outil de diagnostic, mais les premiers résultats sont satisfaisants et pourraient permettre d’apporter une réponse de soin plus rapide aux patients.

Source :

Smartphones in Mental Health: Detecting Depressive and Manic Episodes, Venet Osmani et al., Cornell University Library, arxiv.org/abs/1510.01665, 6 octobre 2015

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