Il semble possible de prédire une rechute de phase, maniaque ou dépressive, chez un patient bipolaire en fonction de ses pensées pessimistes. Cette découverte pourrait aider les médecins à savoir quand intervenir pour adapter le traitement.
Prévenir le passage d’une phase à l’autre dans le trouble bipolaire
Le trouble bipolaire est caractérisé par une succession de :
- phases maniaques marquées par un état d’excitation, d’hyperactivité et d’euphorie,
- phases dépressives marquées par un état dépressif et mélancolique,
- et entre les deux : l’euthymie, un état normal.
Les outils diagnostiques existants ne permettent pas de prévenir ces changements d’humeur. Les variations de cycle sont différentes pour chaque patient. Le traitement sera adapté en fonction des phases, des symptômes et de leurs évolutions depuis le début de la prise en charge du patient. Une étude italienne a montré qu’il est possible de prévenir une rechute en fonction des pensées pessimistes du patient.
Comment évaluer une baisse de positivité ?
L’équipe de recherche italienne a suivi pendant 5 ans 36 patients souffrant de trouble bipolaire. Les étapes de cette étude, répétées au cours du temps, étaient :
- Demander aux patients quelle était la probabilité qu’un évènement malheureux, de type cambriolage ou fraude à la carte bancaire, leur arrive.
- Les chercheurs leur communiquaient ensuite les réelles probabilités que l’événement se produise. Sauf que l’information était intentionnellement erronée dans le but de faire croire au patient qu’ils étaient plus susceptibles (mauvaise nouvelle) ou moins susceptibles (bonne nouvelle) d’être victimes de cet évènement indésirable.
- Puis les chercheurs ont demandé aux patients d’estimer à nouveau leur propre probabilité d’être concerné par l’événement.
Les chercheurs ont évalué comment les patients ont ajusté leur réponse en fonction de la bonne ou mauvaise nouvelle communiquée. Le but était de savoir s’ils croyaient ou non à la bonne ou mauvaise nouvelle. Ce résultat a été ensuite comparé à la rapidité avec laquelle ils ont fait une rechute.
Les pensées optimistes contre la rechute
Les patients qui croyaient le plus à la bonne nouvelle, qui donc étaient plus susceptibles d’avoir une opinion optimiste, étaient ceux qui restaient le plus longtemps en phase d’euthymie avant une rechute. A l’inverse, les patients plus pessimistes présentaient une rechute plus rapide vers une phase maniaque ou dépressive.
La prochaine étape est de développer des outils d’évaluation de ces pensées optimistes/pessimistes, afin d’utiliser ces données comme méthode pronostique dans le trouble bipolaire.
Il paraît ainsi possible de prédire une rechute chez un patient affichant de plus en plus de pensées pessimistes. Cette méthode pourrait peut-être s’avérer utile pour prévenir d’autres pathologies psychiatriques comme la dépression.
Sarah G., Attachée scientifique